De nouvelles voies pour les eaux usées

L'une des plus grandes conquêtes hygiéniques des 150 dernières années est sans aucun doute l'évacuation des eaux usées par les égouts. Mais cette technologie ne peut pas à elle seule résoudre le problème mondial des eaux usées. Nous avons besoin de nouveaux procédés pour traiter les eaux usées dans notre pays et dans les pays en développement en préservant les ressources.

Vue agrandie : De nouvelles voies pour le traitement des eaux usées
Un concept qui ne fonctionne pas partout dans le monde : Toilettes avec évacuation par chasse d'eau. (Image : Colourbox / Carsten Medom Madsen)

Les eaux usées ont mauvaise réputation - à tort. En effet, les eaux usées sont bien plus qu'un simple bouillon malodorant qui doit s'écouler le plus rapidement possible hors des agglomérations. Elles contiennent bien sûr des agents pathogènes dangereux, mais aussi des ressources et de l'énergie précieuses. Citons par exemple les substances nutritives telles que l'azote, le phosphore et le potassium que nous absorbons avec notre alimentation et que nous rejetons ensuite. Ou encore la chaleur qui provient de la douche et de la machine à laver. Aujourd'hui, nous diluons ce mélange de composants dangereux et utiles avec d'énormes quantités d'eau (potable) et le jetons dans les égouts.

Nettoyer les eaux usées à grands frais

Agrandir l'image : Les eaux usées polluent un lac
Les eaux usées non traitées polluent un lac. (Image : Colourbox)

Dans de nombreux endroits du monde, ce bouillon se déverse ensuite dans l'environnement quelque part en dehors de la ville, sans être traité. Cela ne fait que déplacer le problème des agents pathogènes, et les champs et les eaux sont détruits (voir aussi ce Article de blog par Bernhard Wehrli). En Suisse, nous épurons nos eaux usées et avons construit pour cela, à grands frais, de véritables usines chimiques et biologiques. A l'avenir, ces stations d'épuration des eaux usées seront encore plus complexes, car nous savons depuis quelques années que nous devons également éliminer les micropolluants des eaux usées, comme par exemple les résidus de médicaments.

Pourquoi cela fonctionne-t-il chez nous, mais pas partout ?

L'élimination des excréments par rinçage à l'eau fonctionne chez nous parce que nous avons suffisamment d'eau, d'argent et de connaissances techniques. Ce n'est pas le cas pour de très nombreux autres pays. Le plus gros problème est généralement le manque d'eau. De nouveaux procédés sont donc nécessaires pour garantir la santé des personnes dans ces pays également. Toutefois, ces nouveaux procédés doivent également permettre de récupérer les précieuses ressources des eaux usées. C'est une nouveauté qui n'a pas été prise en compte lors de l'introduction des canalisations alluviales il y a 150 ans. Deux approches peuvent nous aider à développer de tels procédés :

1- Ne plus mélanger les différentes eaux usées, mais les collecter séparément. Cela simplifie l'élimination des agents pathogènes et des polluants et permet de récupérer les ressources. On peut ainsi fabriquer un engrais à partir d'urine riche en nutriments ou récupérer la chaleur des eaux usées de la cuisine et de la salle de bain.

2. traiter les eaux usées le plus près possible de la source afin d'économiser les coûts de transport. Mais pour cela, nous avons besoin de petites stations de traitement qui peuvent être installées sur place et qui épurent aussi bien que les grandes stations d'épuration centralisées. De nombreux instituts de recherche, dont l'Eawag à Dübendorf, travaillent depuis quelques années au développement de tels procédés.

Toilettes séparées et nutriments à partir d'urine

Vue agrandie : test
VUNA collecte l'urine séparément pour en faire de l'engrais. (Illustration : Eawag)

Il existe déjà de nouveaux procédés qui permettent d'éliminer les eaux usées en toute sécurité, même sans canalisation alluviale ni station d'épuration centrale. Les projets de recherche VUNA [1] et AUTARKY [2] en sont deux exemples. L'Eawag a initié ces deux projets afin de révolutionner le traitement des eaux usées dans les pays émergents et en développement. Vuna est l'abréviation de "Valorisation des nutriments urinaires en Afrique". Le projet, auquel participe également l'ETH Zurich, collecte l'urine séparément et la transforme en engrais dans une installation de traitement éloignée. Le projet Autarky va encore plus loin : l'urine, les matières fécales et l'eau de rinçage sont déjà traitées séparément dans les toilettes, l'eau de rinçage étant ensuite réutilisée dans les toilettes.

Vue agrandie : toilettes séparatrices et réacteur VUNA
Une "toilette NoMix" à l'Eawag sépare l'urine séparément (à gauche). De l'engrais est ensuite produit dans le réacteur VUNA. (Images : Eawag)

Aujourd'hui, ces procédés sont surtout développés pour les pays qui n'ont pas assez d'eau, d'argent ou de savoir-faire pour mettre en place un système d'assainissement conventionnel. Mais il est fort possible qu'à l'avenir, ces technologies soient également utilisées chez nous, car elles sont plus préservatrices des ressources et plus efficaces.

Informations complémentaires

[1] Projet page externeVUNA

[2] Projet page externeAUTARKY

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