La connaissance comme moteur des préoccupations liées au changement climatique

Une récente enquête américaine a suggéré que, dans la formation de notre attitude vis-à-vis du changement climatique, les valeurs sont plus importantes que notre compréhension de la question. Nous avons réévalué ce constat contre-intuitif et montré que la connaissance est en fait un moteur de la préoccupation pour le changement climatique, soutenant ainsi la nécessité d'informer le public.

Vue agrandie : What we know about climate change shapes our attitude.
Ce que nous savons du changement climatique façonne notre attitude. (Photo : Sondem / Fotolia)

Ceux d'entre nous qui ont suivi les primaires présidentielles américaines ne voient sans doute pas Donald Trump comme un exemple stéréotypé de personne individualiste, égocentrique et pas particulièrement altruiste. Il a commenté que le changement climatique est un canular et que "Tous les événements météorologiques sont utilisés par les hoaxers du réchauffement climatique [j'enlève le texte] pour justifier une augmentation des taxes afin de sauver notre planète ! En se basant sur les caractéristiques d'éminents politiciens de droite, nous pourrions en effet théoriser que nos valeurs fondamentales, telles que l'égoïsme et l'altruisme, influencent fortement la manière dont nous pensons au changement climatique et si nous sommes prêts à adopter des mesures d'atténuation.

Valeurs vs. connaissances

Une enquête menée aux États-Unis [2] a confirmé cette impression : les personnes ayant des valeurs plus hiérarchiques et individualistes étaient moins concernées par le changement climatique, tandis que celles ayant des valeurs plus égalitaires et communautaristes se montraient plus préoccupées. En outre, les résultats de cette enquête et d'autres ont montré que l'accroissement des connaissances scientifiques n'atténuait pas la relation entre les valeurs et la préoccupation à l'égard du changement climatique. Along with Michael Siegrist and Joseph Arvai, we found this a rather counterintuitive finding : surely people's attitudes and beliefs are based on their knowledge, so that, independently of the effects of values, having more adequate knowledge about climate change should be related to being more concerning about it.

Comment mesurer les connaissances sur le climat ?

Nous pensions que ce résultat contre-intuitif était dû à la manière dont les connaissances étaient mesurées dans les études précédentes. Les connaissances sont souvent examinées en demandant simplement aux participants à l'étude d'estimer et de rapporter leur niveau de connaissances. Une telle mesure auto-évaluée peut facilement être biaisée, par exemple, par l'humeur ou l'auto-estime, et n'est donc pas un instrument très valide. De plus, comme le changement climatique dépend d'un certain nombre de facteurs, il est important de mesurer les différents domaines de connaissance pertinents pour comprendre le risque de changement climatique, tels que ses caractéristiques physiques, ses causes et ses conséquences. Enfin, on pourrait argumenter que le seul impact des valeurs sur les préoccupations liées au changement climatique était un constat typiquement américain, et que dans d'autres pays ou cultures, les connaissances auront un impact sur les préoccupations liées au changement climatique. En bref, nous avons décidé d'étudier la relation entre la préoccupation pour le changement climatique et trois valeurs fondamentales : l'égoïsme, l'altruisme et le biosphérisme (l'estime pour l'environnement et l'être humain au sein de la nature), et avec trois dimensions de connaissances dans six pays différents : le Canada, la Chine, l'Allemagne, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis [3].

Nos résultats ont confirmé nos attentes : lorsqu'elle est mesurée de manière objective et multidimensionnelle, la connaissance est en effet un moteur important de la préoccupation pour le changement climatique dans les six pays. C'est particulièrement le cas pour la connaissance des causes et des effets du changement climatique. En outre, les valeurs égoïstes et altruistes ont semblé avoir peu d'importance, indiquant que davantage de connaissances sur le changement climatique augmentent les préoccupations des gens à son sujet, indépendamment de leur vision du monde.

Clear information is key

Les résultats montrent la nécessité de fournir au public des informations suffisantes et compréhensibles sur le changement climatique. Ceci est particulièrement important car diverses études ont montré que la préoccupation est un facteur central - bien qu'il ne soit pas le seul - dans la volonté d'un individu d'adopter un comportement respectueux du climat ou de soutenir des mesures politiques respectueuses du climat [par ex. 4].

Vous conviendrez toutefois qu'il est naïf de croire que Donald Trump a juste besoin d'être mieux informé sur le réchauffement climatique pour changer ses idées politiques en faveur de politiques plus respectueuses du climat. Le soutien à de telles mesures dépend également des avantages et des coûts que les gens leur associent. Néanmoins, les initiatives qui visent à développer et à communiquer au public des informations sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique sont essentielles. Elles permettront d'accroître la prise de conscience et la compréhension du changement climatique, ce qui constitue un point de départ pour encourager les comportements respectueux du climat.

Vivianne Visschers a écrit ce blog post en collaboration avec Jing Shi, doctorant au sein du Consumer Behaviour group, ETH Zurich.

Plus d'informations

[1] Donald Trump sur Twitter, janvier 26, 2014.

[2] Kahan, D.M., Peters, E., Wittlin, M., Slovic, P., Ouellette, L.L., Braman, D., et Mandel, G. (2012), The polarizing impact of science literacy and numeracy on perceived climate change risks.Nature Climate Change, 2, p. 732-735, DOI : 10.1038/nclimate1547.

[3] Shi, J., Visschers, V.H.M., Siegrist, M., and Arvai, J. (in press), Knowledge as a driver of public perceptions about climate change reassessed.Nature Climate Change, DOI : http://dx.doi.org/10.1038/nclimate2997

[4] Shi, J., Visschers, V.H.M., and Siegrist, M. (2015), Public perception of climate change : The importance of knowledge and cultural worldviews.Analyse des risques , 35, p. 2183-2201, DOI : 10.1111/risa.12406.

About the author

Vivianne Visschers
JavaScript a été désactivé sur votre navigateur.