Doublons dans les cellules T

Des chercheurs de l'EPFZ ont découvert des redondances dans les voies biochimiques de transmission des signaux des cellules immunitaires. Cela est notamment important pour le développement de l'immunothérapie du cancer.

Immunothérapie contre le cancer
Dans l'immunothérapie du cancer, les propres cellules T de l'organisme (devant) sont rendues capables d'agir contre les cellules tumorales (rouge foncé) et de les éliminer. (Graphique : Shutterstock)

Ces dernières années, les oncologues ont obtenu de grands succès avec l'immunothérapie du cancer, notamment avec l'approche dite de l'inhibition du point de contrôle immunitaire, pour laquelle le prix Nobel de médecine a été décerné l'année dernière : Les cellules tumorales sont capables d'atténuer l'activité des propres lymphocytes T du patient, de sorte que les lymphocytes T laissent la tumeur au repos. Cela se fait par le biais d'une "poignée de main" moléculaire, au cours de laquelle des molécules à la surface des cellules tumorales interagissent avec des molécules dites de checkpoint à la surface des cellules T. En revanche, si l'on administre aux patients des anticorps (inhibiteurs de points de contrôle) qui rendent cette interaction impossible, les cellules T peuvent agir contre la tumeur et l'éliminer.

L'une des molécules de checkpoint importantes est le PD-1. Jusqu'à présent, la manière dont le signal de poignée de main du PD-1 est transmis à l'intérieur des cellules T pour empêcher l'activation des cellules n'avait pas été étudiée en détail. Une équipe de scientifiques de l'ETH Zurich et de l'Université d'Aix-Marseille a désormais examiné de près des molécules importantes de la voie de transmission biochimique du signal PD-1, dont l'enzyme SHP-2.

Les molécules se remplacent mutuellement

Les cancérologues poursuivent l'approche consistant à s'attaquer à cette enzyme afin d'augmenter encore l'efficacité de l'immunothérapie du cancer. Les scientifiques de Zurich et de Marseille ont maintenant démontré : En l'absence de SHP-2, c'est la molécule apparentée SHP-1 qui prend le relais. "SHP-1 et SHP-2 peuvent se remplacer mutuellement", explique Peter Blattmann, postdoctorant dans le groupe du Senior Scientist Matthias Gstaiger à l'Institut de biologie moléculaire des systèmes de l'EPF de Zurich. "Il ne suffit donc pas de s'attaquer à l'une de ces molécules, mais il faudrait s'attaquer aux deux en même temps".

"Explorer comment les cellules T transmettent en leur sein les signaux des molécules de checkpoint est également intéressant pour l'immunologie, au-delà de la recherche sur le cancer", explique Gstaiger. "Il s'agit de molécules qui activent les cellules immunitaires et de molécules qui les inhibent. Comme le yin et le yang, ces molécules veillent à ce que le système immunitaire reste en équilibre et que les réactions immunitaires ne deviennent pas incontrôlables".

Pour savoir quelles molécules interagissent avec la molécule de surface PD-1, les chercheurs ont mené des expériences sur des cellules T de souris. Ils ont isolé la molécule PD-1 des cellules, ainsi que plusieurs douzaines de molécules qui se fixent sur elle. Grâce à une approche de spectrométrie de masse appelée SWATH-MS, développée à l'EPF de Zurich, ils ont pu identifier ces molécules.

Référence bibliographique

Celis-Gutierrez J, Blattmann P, Zhai Y et al : Quantitative Interactomics in Primary T Cells Provides a Rationale for Concomitant PD-1 and BTLA Coinhibitor Blockade in Cancer Immunotherapy. Cell Reports 2019, 27 : 1, doi : page externe10.1016/j.celrep.2019.05.041page externe

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