La rectrice des cœurs prend sa retraite
Sarah Springman a fait bouger les choses. En tant que rectrice, elle a non seulement contribué à développer l'enseignement à l'ETH à tous les niveaux, mais elle a aussi entraîné dans son sillage toutes les personnes qui ont eu affaire à elle - à l'intérieur comme à l'extérieur de la haute école.
Sarah Springman était professeure de géotechnique à l'ETH Zurich depuis 18 ans lorsqu'elle a pris ses fonctions de rectrice en 2015. Au cours de ses sept années de mandat, elle a mis en œuvre ou initié des réformes importantes à tous les niveaux de l'enseignement. La devise qui a guidé son action a toujours été "Students first".
Des réformes fondamentales mises en œuvre
Deux grandes réformes sont issues d'initiatives de son prédécesseur ou de sa prédécesseure : sous Springman, l'examen de base a été scindé en deux parties dans la plupart des filières d'études. Au lieu d'attendre un an, les nouveaux étudiants de bachelor reçoivent ainsi un feed-back sur leurs résultats après six mois déjà. D'autre part, l'ETH a renoncé aux attestations qui faisaient l'objet de discussions depuis des années. En lieu et place, elle mise sur la responsabilité individuelle des étudiants et sur des instruments qui encouragent leur motivation intrinsèque.
La rectrice sortante a également consacré beaucoup de temps et d'énergie au doctorat. Elle s'est occupée de manière intensive des cas où il y avait des désaccords entre les encadrants et les doctorants avant et pendant son mandat de rectrice. Et elle a profité de ces cas pour élaborer, avec la participation de l'ensemble de l'ETH, une nouvelle ordonnance sur le doctorat, centrée sur la qualité de l'encadrement et le développement personnel des doctorants.
Parallèlement, Springman a lancé un grand projet autour des Computational Competencies. Elles doivent devenir le troisième pilier de la formation technique et méthodologique dans toutes les filières d'études, aux côtés des mathématiques et de la physique.
La formation considérée comme une mission globale
L'acquisition de compétences transversales est au cœur de deux autres projets lancés par Springman : L'initiative ETH Talent vise à promouvoir de manière ciblée, dans les différentes filières d'études, des compétences sociales telles que le travail en équipe et le leadership, mais aussi des compétences personnelles telles que la pensée créative et critique.
Dans le Student Project House, les étudiants peuvent concrétiser leurs propres idées et réaliser des projets extracurriculaires en collaboration avec des collègues d'autres disciplines. Ce think- et makerspace a démarré en 2019 en tant que projet pilote sur le Hönggerberg. Il y a deux mois, la rectrice a remis aux étudiants une maison de 1600 mètres carrés au centre.
Enfin, les derniers grands projets mentionnés sont la Youth Academy et la School for Continuing Education, cette dernière ayant non seulement donné un nouveau visage à la formation continue à l'ETH, mais aussi doublé l'offre.
"J'admire profondément tes performances impressionnantes en tant que scientifique, mentor et leader et j'ai personnellement beaucoup profité de ton mentorat".Joël Mesot, président de l'ETH Zurich
Entraîner les gens avec soi
Toutefois, une énumération de projets ne rend pas justice à Springman. Par exemple, son engagement infatigable en faveur des femmes et de la diversité au vénérable "Poly" a marqué des changements dont les effets se feront encore sentir longtemps.
Si Springman a pu faire bouger tant de choses pour l'enseignement, pour la haute école et pour la Suisse durant son passage à l'ETH, c'est parce qu'elle savait entraîner les gens avec son cœur, sa sympathie et son humour britannique. Elle a touché les cœurs. Non seulement des étudiants, comme en témoignent les contributions sur les médias sociaux, mais aussi d'innombrables personnes à l'intérieur comme à l'extérieur de l'ETH.
Ainsi, Sarah Springman ne restera pas seulement dans l'histoire de l'ETH Zurich comme la deuxième rectrice après Heidi Wunderli-Allenspach. Pour beaucoup de ceux qui ont travaillé avec elle, "Sarah" restera également dans les mémoires comme la rectrice des cœurs, comme en témoignent notamment les mots d'adieu ci-contre.
Même après sa mise à la retraite, Springman ne se repose pas à l'ETH. Début février, elle prendra ses fonctions de Principal au St. Hilda's College de l'Université d'Oxford.
C'est ainsi que les compagnons de route à l'ETH rendent hommage à Sarah Springman :
"J'admire profondément tes impressionnantes réalisations en tant que scientifique, mentor et leader, et j'ai personnellement beaucoup profité de ton mentorat. J'apprécie bien sûr tes immenses contributions à l'avenir de l'enseignement et de l'apprentissage, mais j'apprécie tout particulièrement ton engagement continu en faveur de l'importante question de la diversité. Grâce à nos nombreuses discussions et à tes encouragements, tu m'as donné la force de prendre les mesures nécessaires pour continuer à améliorer la diversité à l'ETH Zurich. Nous avons certes fait des progrès, mais il reste encore un long chemin à parcourir. Je te remercie de tout cœur, Sarah, pour ton service à l'ETH et à la Suisse, et pour avoir partagé avec nous ton humour et ta passion pendant tant d'années."
Joël Mesot, président de l'ETH Zurich
"Ce furent de belles et stimulantes années au cours desquelles nous avons pu collaborer avec Sarah. Elle a modestement refusé notre proposition de créer un 'Prix Sarah Springman'. Ensemble, nous avons développé l'idée du 'Rector's Impulse Fund', grâce auquel nous avons pu soutenir au fil des ans nombre de ses propositions créatives et assister à leur mise en œuvre. Nous n'oublierons pas non plus les moments privés passés ensemble chez nous ou autour d'un bon repas. Sarah va nous manquer, à l'ETH et à nous, mais nous lui souhaitons beaucoup de plaisir et de succès dans ses nouvelles fonctions et tous nos vœux de 'Back to Great Britain'".
Isabelle et Adrian Weiss, Fondation Adrian Weiss
"Sarah Springman était très présente en tant que rectrice de l'ETH - en tant que dirigeante ouverte et en tant que scientifique très engagée. Elle était et reste ainsi un modèle pour les femmes de la communauté de l'ETH et de l'ensemble du domaine des MINT. La science a besoin de femmes comme Sarah Springman. Car elles contribuent de manière décisive à ce que notre offre de formation et de recherche soit aussi attrayante aujourd'hui et le reste à l'avenir. Je remercie très sincèrement Sarah Springman ; son action pour l'ETH - et pour Zurich - est de la plus haute importance".
Corine Mauch, présidente de la ville de Zurich
"Dès le début, j'ai été impressionnée par la passion avec laquelle Sarah s'est engagée pour les étudiants, l'enseignement à l'ETH et la haute école dans son ensemble. Elle a toujours pris les préoccupations des étudiants au sérieux et a également contribué de manière déterminante à ce que nous, l'ETH, traversions si bien la pandémie. La collaboration avec elle a été pour moi follement instructive et m'a toujours procuré beaucoup de plaisir".
Luca Dahle, ancien président de la VSETH
"Ce fut un grand honneur pour moi de travailler en étroite collaboration avec Sarah. En tant que présidente de l'IDEA League, elle a guidé notre alliance universitaire à travers le plus grand défi de ses 20 ans d'existence. Lorsque la pandémie mondiale a éclaté et que des tragédies se sont produites dans toute l'Europe, Sarah a fait preuve d'un grand leadership. Elle a veillé à ce que tous nos recteurs disposent d'un cadre protégé pour partager leurs préoccupations, s'entraider pour faire face aux problèmes urgents de la crise et trouver des moyens de transformer nos universités afin de sortir encore plus forts de la pandémie."
Leslie Zachariah, Secrétaire générale IDEA League
"Doing the right things !" C'est sous cette devise que Sarah, en tant que rectrice de l'ETH, a fixé ses priorités et fait avancer ses visions avec la cohérence de l'ambitieuse sportive de haut niveau. Elle a accordé une grande confiance aux Services académiques et à toute son équipe et nous a tous soutenus et encouragés à tout moment. Son estime nous a motivés à faire ce qu'il fallait. Merci Sarah !
Dieter Wüest, directeur de longue date du département Services académiques
"We're on the same page !" C'est ce qui caractérise ma collaboration inspirante et enrichissante avec Sarah Springman, qui a duré près de cinq ans. Son engagement et son ouverture d'esprit en ce qui concerne l'encadrement et le soutien des doctorants, ainsi que sa persévérance à vouloir réformer le doctorat, ont fait progresser l'ETH Zurich de manière décisive. L'institution, mais aussi tous les étudiants et doctorants, doivent beaucoup à Sarah.
Antonio Togni, prorecteur responsable des doctorats de 2016 à 2021
Sarah Springman m'a étonné par l'aisance et le plaisir avec lesquels elle maîtrise ses prestations. Grâce à elle, j'ai également appris quelle question nous devrions toujours poser : "Où sont les femmes ?" Plus elle devenait célèbre, plus elle recevait de courrier de fans. Et c'est ainsi que nous avons envoyé des cartes d'autographes jusqu'en Chine et au Japon ! Nous aimons tous les deux Oscar Wilde et il lui arrivait de réciter certains passages en anglais : La meilleure Lady Bracknell que j'ai jamais entendue ! Sarah : Ton humour va me manquer !
Marianne Mandrin, assistante de la rectrice Springman
Pour de nombreuses jeunes femmes scientifiques, Sarah, avec son impressionnante carrière professionnelle et sportive, est un grand modèle. Son immense engagement à l'ETH ne s'est jamais limité à l'enseignement. Elle a fait bouger les choses bien au-delà, notamment pour nous les femmes. Elle montre par l'exemple ce que chacune d'entre nous peut réaliser en travaillant dur, avec enthousiasme et courage. Merci Sarah, cela a été un très grand honneur de travailler si étroitement avec toi !
Ulrike Lohmann, responsable de la Conférence du corps enseignant
En tant que membre de l'AVETH, j'ai vu Sarah Springman comme un soutien solide qui s'engage pour les personnes qui souffrent d'injustice ou de circonstances difficiles. Plus tard, en tant que présidente de l'AVETH, j'ai pu constater le souci du détail et l'énergie qu'elle déploie pour lutter contre les inégalités. Nous la remercions d'avoir établi une norme aussi élevée à cet égard.
Florentine Strudwick, présidente de l'AVETH
En tant qu'ingénieure, Sarah a étudié les effets de la nature sur les constructions et, grâce à son esprit vif, elle a pu établir des parallèles avec l'apprentissage en tant que rectrice : Les offres de formation ne peuvent pas être imposées contre la nature de la pensée et de l'expérience humaines. Mais si l'on connaît les mécanismes sous-jacents, il est possible de créer des fondations solides en accord avec la nature - raison pour laquelle elle a par exemple créé la Youth Academy sur l'apprentissage des MINT.
Elsbeth Stern, professeure de recherche empirique sur l'enseignement et l'apprentissage