Prix Spark pour un nouveau procédé biochimique
Qu'il s'agisse de diagnostic ou de thérapie, le procédé biochimique de Daniel Richter, Edgars Lakis et Jörn Piel promet de multiples applications dans la recherche et la médecine. Ils viennent d'être récompensés pour leur innovation par le prix Spark 2022 de l'ETH Zurich.
La surprise n'aurait pas pu être plus grande. "Nous ne nous attendions pas du tout à gagner, tant notre technologie est difficile à expliquer", explique Jörn Piel. Avec Daniel Richter et Edgars Lakis, le professeur de l'ETH en interactions microbiologiques a développé un procédé biochimique d'un genre nouveau. Celui-ci permet par exemple de charger des protéines avec un principe actif qu'elles transportent ensuite au bon endroit dans le corps. Hier soir, ils ont été récompensés pour cela par le prix Spark 2022 devant quelque 150 invités à l'Audi Max de l'ETH Zurich. ETH transfer, le service de transfert de technologie de l'ETH Zurich, a organisé cette année pour la onzième fois la remise du prix récompensant l'innovation la plus prometteuse de la haute école.
Au total, l'ETH Zurich a enregistré 99 inventions pour lesquelles un brevet a été déposé l'année dernière. Parmi elles, 20 ont été sélectionnées pour le prix et cinq ont atteint la finale. Le jury et les experts d'ETH transfer ont été convaincus par les nombreuses possibilités d'application du procédé des trois microbiologistes. Il peut être utilisé aussi bien pour le traitement de maladies que pour le diagnostic et la recherche pharmaceutique.
Le plus grand rêve des inventeurs : "Nous espérons pouvoir l'utiliser à l'avenir dans le traitement du cancer, en modifiant les anticorps", explique Daniel Richter. La méthode est née de son travail de master à l'Institut de microbiologie. L'étape suivante a consisté à la développer avec le doctorant Edgars Lakis. L'avantage de leur procédé est que les protéines peuvent également être modifiées à l'intérieur de cellules vivantes.
Inventions suisses à succès
Les lauréats du prix Spark de cette année s'inscrivent dans une longue série d'innovations réussies en provenance de Suisse. "La Suisse est une nation d'inventeurs", a souligné Vanessa Wood, Vice-présidente pour le transfert de savoir et les relations économiques de l'ETH, dans son discours de bienvenue. Elle occupe la troisième place au niveau mondial.
L'ETH Zurich y contribue chaque année par une centaine de brevets qui, en outre, débouchent souvent sur des entreprises prospères. M. Wood a cité en exemple les anciens lauréats du prix Spark, comme le spin-off Haelixa de l'ETH, qui s'est fait un nom avec la traçabilité de produits à base d'ADN, ou les lauréats de l'année dernière, qui mettent désormais en œuvre leur méthode de fabrication de matériaux composites durables avec le spin-off Antefil Composites.
Le chemin est toutefois encore long jusqu'à ce que le procédé des lauréats du prix Spark 2022 soit utilisé dans l'industrie pharmaceutique et finalement en médecine et en diagnostic. Les trois chercheurs en sont d'ailleurs conscients. La prochaine étape consiste à démontrer la faisabilité de principe. Ensuite, les prototypes pourraient être testés dans des études précliniques sur des organismes modèles.
La persévérance est essentielle
Véronique Larcher, directrice d'AMBEO Immersive Audio chez Sennheiser, a également confirmé que l'innovation nécessite du souffle. Pour développer des produits d'une qualité exceptionnelle, il faut plus que de la recherche et de la science, a souligné cette mathématicienne passionnée de musique, dont l'activité chez Sennheiser lui permet de combiner ses deux passions.
"Il faut de la persévérance et il faut aussi accepter les échecs", explique Larcher. Seule une bonne collaboration au sein de l'équipe et une compréhension des besoins du groupe cible permettent au final de développer un produit à succès.
La technologie gagnante :
Procédure polyvalente:Daniel Richter, Edgars Lakis et Jörn Piel ont développé un procédé biochimique qui recèle un grand potentiel pour la médecine et la recherche. Grâce à leur méthode, ils peuvent combiner une protéine sélectionnée avec une charge utile librement choisie, par exemple un médicament ou un biomarqueur. Comme la réaction de liaison est sélective, les fonctions cellulaires peuvent être modifiées avec précision.
Les finalistes
Un doigté tout en finesse :Jusqu'à présent, les robots manquent de doigté. De ce fait, soit ils serrent trop fort et cassent les objets, soit ceux-ci leur échappent des mains. Johannes Weichart, Cosmin Roman et Christofer Hierold ont mis au point une structure réticulée flexible avec des capteurs très proches les uns des autres, qui ressemble au réseau de récepteurs des mains humaines. Elle devrait être intégrée à l'avenir dans les mains des robots. Ils pourront ainsi mieux palper et tenir des objets.
Un contrôle plus rapide des substances actives :Le développement de médicaments est coûteux et de longue haleine. Il est donc d'autant plus important d'identifier le plus tôt possible les substances actives candidates pour lesquelles un développement ultérieur est prometteur. Matthias Bütikofer, Roland Riek et Félix Torres ont inventé une méthode de mesure basée sur la spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN) qui permet de savoir rapidement et de manière fiable si un candidat médicament interagit avec la molécule cible et avec quelle intensité.
La viande végétale :Le marché des substituts de viande est en pleine expansion. Les alternatives végétales, dont la consistance, le goût et l'aspect rappellent la viande, sont particulièrement appréciées. Martin Hofmann et Jan Vermant ont développé un procédé qui permet de créer dans les produits végétariens le modèle de muscle et de graisse typique des steaks. Le procédé est facilement modulable et convient notamment à une utilisation industrielle.
L'argent liquide numérique : Il n'y a que le cash qui est vrai - dit-on non sans raison. Celui qui paie en espèces peut être sûr que l'argent parviendra au destinataire et que le paiement restera confidentiel si nécessaire. A l'avenir, cela devrait également être possible pour les transactions avec des monnaies numériques. Karl Wüst, Kari Kostiainen et Srdjan Capkun ont développé la monnaie numérique "Platypus", qui traite les paiements nationaux de manière fiable et simple tout en protégeant la sphère privée.
