Optimiste en période difficile

Votre recherche se concentre sur l'espace asiatique. Avez-vous aussi un lien personnel avec l'Asie ?
Ma mère est sud-coréenne. Mon éducation m'a permis de développer un intérêt et une compréhension fondamentaux pour cette région. Mais c'est un peu par hasard que je me suis spécialisée en Asie en tant que politologue. J'ai pu profiter du fait qu'à l'époque, la demande de savoir-faire spécifique à l'Asie augmentait et que les centres de recherche correspondants étaient encouragés.

Quel est actuellement le plus grand défi dans les relations entre l'Asie et l'Europe ?
La pression augmente sur les pays d'Asie et d'Europe pour qu'ils se positionnent face à la Chine autoritaire qui se renforce, mais aussi au sein du conflit mondial sino-américain. Placer la Chine sous la responsabilité internationale sans l'isoler est à mes yeux le principal défi pour toutes les parties concernées.

Que conseillez-vous à la Suisse dans la situation géopolitique actuelle ?
L'environnement stratégique évolue rapidement. Le retour actuel de la géopolitique signifie également que la situation géographique d'un pays détermine à nouveau davantage sa position internationale. Pour conserver sa liberté d'action en matière de politique étrangère, la Suisse devrait rapidement clarifier et vouloir renforcer ses relations avec des pays importants, à commencer par ses voisins européens.

La pandémie est probablement d'origine naturelle, mais la guerre en Ukraine est d'origine humaine. Percevons-nous ces menaces différemment ?
Contrairement aux événements d'origine naturelle, les questions relatives à la capacité d'action et à la responsabilité de chacun sont au premier plan dans le cas de menaces d'origine sociétale. Cela vaut également pour la prévention d'un événement : (Comment) la guerre en Ukraine aurait-elle pu être évitée ?

Quelle est votre recette secrète pour rester optimiste même dans les périodes difficiles ?
Je crois en la capacité de résistance et de développement des personnes et des sociétés. La pandémie ou l'attaque de la Russie contre l'Ukraine nous rappellent à quelle vitesse des biens prétendument sûrs comme la stabilité, la sécurité ou la mobilité peuvent être menacés. Mais d'un autre côté, une orientation politique peut aussi être prise très rapidement - avec le potentiel de faire évoluer la situation de manière décisive et positive.